Qui n’a jamais été émerveillé par le Monarque? Ce grand papillon rougeâtre tacheté de noir, qui butine en été nos lilas ou les champs fleuris. Malgré toute l’admiration qu’il suscite, le migrateur était en déclin depuis de nombreuses années. Tout au long de son parcours de 2500 kilomètres en route vers les forêts de Pins du centre du Mexique, le climat plus aride, la déforestation ainsi que l’agriculture trop industrielle sont devenus des obstacles trop importants à franchir. En quelques années, la population passa donc de 500 millions (et oui!) à seulement 20 millions d’individus. Mais tout n’est pas perdu, cependant, car depuis l’hiver dernier, avec un alignement parfait des astres, les scientifiques ont assisté à leur étonnante renaissance et la population bas de moins en moins de l’aile.
Au tournant de 2019, au Texas, ils étaient 144% plus nombreux que l’année précédente, une première depuis 2007. De quoi réjouir celles et ceux qui redoublent d’effort pour sauver le papillon. Au compte des actions menées dans toute l’Amérique du Nord, la lutte à la déforestation illégale dans les forêts d’Oyamels, perchées dans les montagnes du Mexique, est certainement la plus cruciale: c’est là que les monarques atterrissent par millions en hiver! Aussi, l’initiative lancée en 2015 par l’ONG Nationale pour la Faune donne des outils aux villes «amies des monarques», afin qu’elles soient plus accueillantes.
À l’heure actuelle, plusieurs centaines de municipalités sont inscrites au programme, dont près de 500 aux États-Unis et environ 50 au Québec. La clé est de laisser pousser ou même de planter l’Asclépiade, la seule et unique plante sur laquelle les chenilles rayées blanches, jaunes et noires peuvent se nourrir. Elles pourront alors grandir et se métamorphoser à nouveau, tout juste avant d’entreprendre leur périple vers le Mexique.
Bien que ces nouvelles semblent encourageantes, les scientifiques ne crient pas victoire si rapidement. Seul l’avenir pourra nous dire si cette tendance se maintiendra, car les embûches restent toujours nombreuses. Par exemple, nos voisins du Sud utilisent de grandes quantités d’herbicides au cœur de la zone de reproduction printanière du papillon, ce qui ne laisse aucune chance aux Asclépiades. D’ailleurs, un plant sur cinq aurait disparu en l’espace d’à peine 20 ans, dans les États du Centre-sud américain. Les changements climatiques pourraient aussi causer des perturbations, rendant le climat plus instable à long terme. Toutefois, exceptionnellement cette année, un climat presque impeccable a aidé nos papillons, et les mèneront au Mexique presque sans intempéries.
Hésitants entre espoir et inquiétudes, certains scientifiques croient toutefois que le monarque pourrait devenir un nouveau modèle de résilience, après le faucon pèlerin, il y a plusieurs dizaines d’années. Il fut menacé par le fameux pesticide DDT, qui s’infiltrait dans la chaîne alimentaire et qui rendait leurs œufs trop fragiles. En redoublant d’efforts, les populations ont finalement repris de la vigueur et certains oiseaux ont été retirés de la liste des espèces menacées. Comme quoi la nature reprend toujours ses droits et qu’il suffit de lui permettre de retrouver son équilibre pour qu’elle renaisse et nous surprenne.
Plus près de chez nous, les jardins parsemés de leurs plantes hôtes pourraient aussi devenir un havre pour les monarques. Pourquoi ne pas mettre la main à la terre afin de leur créer un sanctuaire d’asclépiades?
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